Penser ou Manger
Dilemme d'une pratique réflexive
L’exercice libéral de l’architecture, en tant que profession, contraint de fait ses acteurs à suivre une logique managériale permanente. Ainsi, il devient légitime de se questionner sur la place accordée dans les agences pour organiser une production intellectuelle.
Une logique s’extrait au premier regard : le praticien fait de la maîtrise d’œuvre et les chercheurs, eux, sont payés pour réfléchir. Pourtant, on verra que cette scission entre réflexion disciplinaire et application professionnelle semble aujourd’hui dépassable - si ce n’est déjà dépassée. Cette extension de la profession d’architecte ‘‘ordinaire’’ ne serait pas uniquement le fait de quelques résistants déterminés et insomniaques. Elle découlerait plus largement de l’existence d’un ‘‘déjà-là’’ institutionnel et professionnel prêt à être utilisé voire détourné. En effet, un cadre fait de politiques publiques, de dispositifs de subventions existe aujourd’hui en France, favorisant une forme de dite recherche. À cela s’ajoute l’intelligence organisationnelle de structures ayant déjà balisé la voie.
La réflexion de ce travail sera également intimement liée à la volonté de croiser une expérience professionnalisante - initiée il y a 5 ans dans l’agence Atome - avec le développement d’une structure prenant racine dans les balbutiements de ASAP - une association de jeunes diplômés s’intéressant à la théorie architecturale.
La problématique que pose ce mémoire permet alors d’englober la spécificité de cette situation : comment une production intellectuelle, non liée directement à la maîtrise d’œuvre peut passer du statut de fardeau et celui de moteur d’une pratique de (super-jeunes) agences ?
Alors qu’il paraît vain de se calquer sur un modèle à la OMA/AMO, il reste que la production intellectuelle pourrait être plus qu’une simple émancipation, soit une composante active d’agence. Il suffit de choisir où l’on place son curseur, entre manifeste de site et recherche financée par la Caisse des Dépôts...